La gestion de projet dans une organisation à but non lucratif – Marta Binaghi
Marta Binaghi collabore avec plusieurs associations de volontariat actives aussi bien au niveau national qu’international. Elle a vécu de nombreuses années en Allemagne où elle a obtenu un doctorat en architecture à la Technische Universität de Munich et elle est certifiée PRINCE2 depuis janvier 2021.
Quel est votre rôle et que faites-vous en particulier?
Je suis bénévole au sein de l’association Kibarè Onlus depuis 2014, année au cours de laquelle j’ai participé à une mission au Burkina Faso. J’ai pu rencontrer l’enfant que j’avais décidé d’aider depuis quelques années via un soutien à distance.
J’ai réalisé combien de droits sont considérés comme acquis en Italie, tels que la santé et l’éducation, et combien il est nécessaire de s’engager personnellement pour qu’ils puissent réellement devenir des droits universels.
Notre association est petite, les bénévoles doivent donc être polyvalents !
Jusqu’à présent, j’ai surtout été impliqué dans la partie graphique, mais j’ai toujours participé aux campagnes de collecte de fonds, principalement pour faire connaître l’association au niveau local.
Comment la gestion de projet peut-elle améliorer les activités d’une organisation à but non lucratif ? Y-a-t-il un exemple dont vous aimeriez nous parler?
Comme mentionné , jusqu’à présent, nous avons réalisé nos projets (pour n’en citer que quelques-uns : un centre nutritionnel, des écoles, dont une visant à l’éducation intégrée entre enfants valides et handicapés) grâce aux dons aussi bien des particuliers que des entreprises, dont QRP.
Nous avons toujours voulu participer à certains appels d’offres pour les organisations à but non lucratif pour des projets de coopération internationale mais, honnêtement, aucun d’entre nous n’avait la formation nécessaire pour présenter une demande de financement convaincante.
Grâce à la formation PRINCE2 qui nous a été offerte par QRP et à laquelle j’ai participé en décembre dernier, nous disposons désormais des compétences nécessaires pour élaborer un projet complet et solide, capable non seulement de convaincre les investisseurs institutionnels de soutenir les activités de Kibarè Onlus, mais aussi de nous aider à suivre de manière opportune et efficace les progrès réalisés, afin de gérer rapidement les demandes de changement et les imprévus auxquels nous devons inévitablement faire face dans un contexte aussi instable et différent du nôtre que le contexte africain.
Je pense en quelque sorte que la gestion de projet représente le compromis idéal entre la conception monolithique que nous avons de l’intervention en Europe et l’approche de décision au jour le jour de nos partenaires locaux au Burkina.
Nous venons de démarrer notre nouveau projet, un jardin d’enfants dans une carrière à la périphérie de la capitale Ouagadougou, où les enfants peuvent être pris en charge pendant que les mères sont engagées dans l’exploitation minière, et j’espère pouvoir mettre en pratique au moins une partie des Bonnes Pratiques que j’ai appris durant la formation et que j’ai déjà partagés avec le conseil d’administration de Kibarè.
→ PRINCE2 – Qu’est-ce que PRINCE2 ?
Quels sont les plus grands défis pour un chef de projet travaillant dans votre secteur?
Je pense que la plus grande difficulté est de combler la distance (non seulement physique mais surtout culturelle) entre notre pays et le pays dans lequel nous intervenons.
De nombreux aspects procéduraux sont toujours considérés comme acquis, certaines demandes semblent certainement bizarres aux partenaires locaux, alors que d’un autre côté nous sous-estimons les obstacles présents sur le terrain (manque d’infrastructure, bureaucratie…).
Trouver la documentation nécessaire peut être une odyssée et les ressources (surtout humaines) pour mener à bien un projet sont plus rares qu’on ne le pense.
Il nous est déjà arrivé, en tant qu’association, de démarrer un projet ambitieux et de devoir l’arrêter, non par manque de fonds mais parce que nous nous sommes rendu compte, heureusement à temps, que le partenaire local n’aurait pas pu gérer correctement la complexité de l’intervention.
Pour revenir à la question initiale, je pourrais répondre que le plus grand défi pour un gestionnaire de projet actif dans la coopération internationale est d’établir si un projet est faisable et de s’assurer qu’il le reste.
Quelles compétences pensez-vous être fondamentales pour un chef de projet dans le secteur à but non lucratif?
Je crois que le profil de chef de projet est multidisciplinaire par nature; cependant, il y a trois compétences qui à mon avis sont essentielles pour réussir dans la gestion d’un projet à but non lucratif: la capacité d’écoute, l’organisation d’équipe et le courage.
La capacité d’écoute est essentielle pour anticiper les risques et les opportunités dans le contexte incertain dans lequel les organisations à but non lucratif opèrent au quotidien.
La coopération internationale rassemble des mondes aussi différents que l’Afrique et l’Europe ; la distance géographique, mais surtout culturelle, exige une attention extrême à tous les signaux émis par les parties prenantes afin de prévenir, et de résoudre rapidement, les éventuels dysfonctionnements en cours de route.
Les associations à but non lucratif fonctionnent souvent avec une organisation hybride, combinant personnel rémunéré et bénévoles. Si le personnel rémunéré a généralement un rôle clair dans l’organisation, il est essentiel que le responsable du projet valorise les bénévoles en leur attribuant des responsabilités claires, tout en respectant leur disponibilité et leurs intérêts.
J’ai évoqué plus tôt la douloureuse décision de mettre de côté un projet ambitieux.
Dans le contexte changeant de l’association à but non lucratif, le chef de projet doit constamment évaluer les bénéfices attendus du projet et sa probabilité de réussite, en démontrant le courage nécessaire pour remettre en cause la poursuite du projet, si le développement de ces indicateurs l’exige.